La difficulté sociale d’uriner pour une femme
Alors qu’il existe une journée mondiale des toilettes pour sensibiliser sur les problématiques de l’assainissement dans le monde, il serait bon d’inventer une journée française des sanitaires féminins pour sensibiliser sur l’accès des femmes aux urinoirs dans l’espace public. En effet pour une femme, uriner en extérieur comme les hommes le font comporte nombres de difficultés et de risques. Le pipi sauvage est toujours un monopole masculin alors que les femmes ont aussi le besoin et le droit d’uriner sans devoir être obligées de se retenir par manque de wc mis à leur disposition.
Installer des urinoirs féminins en ville ?
Cette question ne devrait pas pouvoir se poser et pourtant elle permet de prendre conscience immédiatement de l’absence d’urinoirs féminins dans l’espace public alors que les femmes représentent la moitié de la population. En fait, la question devrait plutot être : pourquoi n’existe t il pas d’urinoirs féminins en service dans nos rues ? Le constat est que personne ne s’interroge sur ce sujet tellement l’absence de toilettes spécifiques aux femmes pour le recueil de leur urine semble être une normalité, alors que les urinoirs masculins ont conquis l’espace public depuis très longtemps.
L’inégalité des femmes dans l’accès aux toilettes
De nos jours, l’accès aisé aux toilettes dépend du sexe de la personne qui veut uriner. Etre un homme ou une femme expose alors à la facilité ou à la difficulté. Devant la défécation, hommes et femmes sont égaux. N’ont pas parce qu’ils ou elles possèdent le même type d’anus, mais parce qu’ils ou elles doivent utiliser le même type de sanitaire : une cuvette wc pour recueillir leurs déjections et les évacuer dans une discrétion et une intimé de rigueur. De ce fait, les toilettes unisexes sont pertinentes.
Dans l’espace public et en l’absence de wc, tout se complique dès lors qu’il faut faire pipi. L’homme a juste à ouvrir sa braguette pour uriner debout contre un mur alors que la femme doit partiellement se dévêtir en exposant ses charmes à la vue de tous pour faire pipi au ras du bitume. Ainsi, dans les rues, l’urinoir de type Vespasienne semble être le seul mobilier urbain propre à l’homme.
Alors que le pipi sauvage concerne les deux sexes, les femmes doivent se retenir, se rassembler en meute par solidarité, déployer des trésors d’imagination pour se soulager. Il convient donc de constater que l’urinoir féminin en tant que sanitaire public n’existe pas pour les pisseuses, c’est à dire la moitié de la population française.
En sortie sois belle mais retiens toi, car à l’urinoir tu n’as pas droit !
La difficulté d’uriner dans la rue au féminin
Peu d’hommes se mettent à la place d’une femme en urgence de devoir uriner alors qu’elle se promène dans la rue ou se trouve dans un parc. Evidemment, il existe des toilettes publiques, mais celles-ci ne sont en réalité pas très nombreuses. Il y a environ 750 toilettes publiques à paris pour une population municipale de 2,15 millions d’habitants et de 13 millions en comptant son aire urbaine. Sans compter les touristes, les travailleurs journaliers, etc… C’est peu, vraiment peu. Et en moyenne, chaque sexe possède la moitié du parc wc pour son usage privatif, les femmes ayant un double besoin du leur. Et les temps d’attente aux toilettes pour une femme sont assez importants.
Un homme qui doit uriner se dirige naturellement vers un urinoir, la toilette classique avec une cuvette wc ne lui servant qu’a déféquer. Pour une femme, l’urinoir n’existe pas et elle n’a d’autre choix que de patienter devant une cabine de toilette pour sa miction et sa défécation. En conséquence, on pourrait imaginer un plus grande nombre de toilettes dédiées aux femmes, qui de surcroit ont besoin de plus de temps pour faire pipi. D’où ces interminables files d’attente devant les toilettes féminines.
Alors, en fonction de l’urgence, une femme peut choisir de faire la queue, de patienter pour trouver une autre toilette plus tard dans la journée, de se retenir jusqu’au retour au domicile avec à l’issue des problèmes de santé comme une cystite… ou bien lorsque la rétention n’est plus possible, se moquer des conventions sociales et s’affranchir de sa pudeur pour se retrouver fesses nues entre 2 voitures ou derrière un container à poubelles.
Le stress féminin de devoir uriner
Les femmes sont confrontées à d’énormes difficultés si elles doivent faire pipi dans l’espace public. Le sujet peut paraitre cocasse mais comment une femme peut elle uriner tranquillement dans la rue en l’absence de toilettes comme en Angleterre par exemple ou les sanitaire publics ont disparu ? C’est ainsi que lorsqu’une vessie féminine commence à envoyer des messages à son cerveau, pour une grande majorité de femmes cette information se caractérise aussi par une montée de stress.
– Où ? il faut rechercher un endroit adapté : toilettes publiques, commerce de proximité, abri acceptable en pleine rue.
– Quand ? Il faut trouver ce lieu dans un délai raisonnable.
– Comment ? Il faut une certaine sécurité surtout dans la rue pour que la miction soit possible. La solidarité féminine entre souvent en action dans ces circonstances.
La pudeur féminine de la miction
Le pipi sauvage en pleine rue reste une solution extrême que finalement peu de femmes choisissent. Par pudeur, par besoin de sécurité, par confort (surtout durant les règles), la majorité va préférer attendre une place libre dans un lieu clos. Si un homme peut uriner contre un arbre, une femme devrait pouvoir en faire autant, au moins cela devrait être accepté par la société. C’est souvent ce point qui fait office de blocage à une miction sauvage. Vivre sans toilettes est un enjeu majeur pour les femmes.
Cette pudeur féminine semble construite. En effet, il apparait inconcevable tant pour les femmes que pour les hommes, qu’une femme puisse se dénuder en pleine rue pour se soulager naturellement comme son homologue masculin peut le faire. Alors, pour les plus pressées, c’est à dire pour celles qui n’ont plus le choix, il existe un rapport pudeur/libération d’urine.
La pudeur semble avoir un prix, celui de la douleur, celui de la contrainte à ne plus pouvoir faire autre chose. Elles vont partir en chasse d’un endroit discret dans une logique de calcul avantages physiques et psychologiques contre coûts sociaux et respect de soi. Il faut une certaine audace pour rester les fesses nues durant une longue miction avec le risque d’être exposée aux vues et aux jugements. L’âge, la condition sociale, la proximité de gens connus ou inconnus, seront aussi des facteurs déterminants au passage à l’acte. Pourtant à l’opposée de tous, le Japon offre aux femmes quantités de wc publics dan l’espace urbain, lesquels sont en plus extrêmement bien aménagés offrant souvent des toilettes lavantes japonaises afin d’assurer l’hygiène intime.
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Des atmosphères plus propices au pipi féminin aérien
Il existe toutefois des situations où la tolérance semblent s’imposer pour qu’une femme qui urine en extérieur s’inscrive presque dans une normalité. C’est souvent le cas du pipi collectif féminin où un groupe de femmes va déclencher plus un amusement qu’une indignation. De même, le mimétisme social peut intervenir favorablement au secours des femmes. Dans un festival en plain air, si une fille ose à s’accroupir pour uriner devant tout le monde, une deuxième en état d’urgence suivra le pas jusqu’à ce qu’un mouvement général force l’acceptation et autorise mêmes les plus pudiques à uriner en l’absence d’un wc fermé.
Aussi, les situations festives sont un cadre favorable où l’alcool fait oublier doucement les conventions sociales. Surtout l’alcoolémie participe à une sorte de désinhibition collective du pipi sauvage. Hommes et femmes se retrouvent alors dans une sorte d’égalité sans leur wc, surtout en soirée ou la nuit.
Une protection contre le voyeurisme
L’exception n’est jamais la règle. Uriner en plein air pour une femme s’inscrit tout de mème dans un réflexe d’urgence, de fête, d’alcool, de présences féminines. Généralement, le sentiment d’insécurité et la pudeur nécessaire gênent et empêchent une miction normale. Ainsi, beaucoup de femmes s’accompagnent pour uriner. Non par plaisir de pisser ensemble mais pour se protéger par solidarité contre le voyeurisme et d’éventuelles agressions sexuelles. Cela ne serait pas le cas si des urinoirs dédiés aux femmes étaient présent comme pour les hommes dans les installations publiques. Alors, la création d’un urinoir féminin et sa mise à disposition dans l’espace public est un enjeu social surtout dans les grandes villes, les parcs, etc…
Des progrès techniques encourageants
L’implantation d’urinoirs féminins devrait effacer une inégalité dans tous les lieux où les femmes ne peuvent uriner qu’en s’exposant dans la rue. L’évolution des moeurs et les progrès techniques donnent des idées à de plus en plus d’inventrices pour la création de concepts aussi originaux que réalistes. On peut citer 3 grands exemples :
– Lapee : d’une couleur rose, cet urinoir mobile permet à trois femmes d’uriner simultanément en toute discrétion. Sans porte et facile d’accès, cet urinoir a déjà séduit nombres d’utilisatrices dans des festivals
– MadamePee : dans une petite cabine, sans contact et sans eau, cet urinoir féminin permet une miction aisée au sein des espaces publics
– Marcelle : cet urinoir est adapté à l’anatomie des femmes dont l’urine est en plus récupéré pour servir d’engrais
Une éducation auprès des femmes
Mais au fait, les femmes veulent elle uriner dehors dans des conditions rustiques comme les hommes ? Si des urinoirs féminins étaient mis à leur disposition seraient elles volontaires pour les utiliser ? Dans la pratique, les réticences féminines semblent nombreuses, que ce soit par héritage culturel ou bien que finalement le corps des femmes et la psychologie féminine n’acceptent que les cabines de toilettes closes avec une cuvette de wc traditionnelle.
Faire comprendre aux femmes que l’utilisation d’un urinoir va leur faciliter la vie n’est pas si facile. Chaque invention doit tout d’abord habituer son public pour pérenniser celle-ci. Avant qu’une grande ville décide d’investir dans des urinoirs publics féminins dans ses rues de manière pérenne, il faut que les femmes puissent accepter une nouvelle norme. Leurs vessies doivent convaincre leur état d’esprit. C’est le cas aussi pour l’adoption de l’urinette, cet accessoire permettant à une femme d’uriner debout, mais ce pisse debout est délicat et pudique à mettre en oeuvre en pleine rue.
L’urinette féminine
En attendant que les urinoirs féminins prennent place dans l’espace public, il existe la solution que toute femme devrait avoir en permanence dans son sac à main. Il s’agit de l’urinette féminine. C’est un dispositif en PVC durable ou en carton jetable qui se fixe sur la vulve. Ainsi équipée, une femme peut pisser debout, d’où le terme employé de « pisse debout » pour qualifier cet objet original.
Et quid de l’hygiène féminine ?
L’urinoir pour les femmes doit se concevoir comme une solution d’urgence tant il est inadapté au quotidien. Ainsi, ce type de sanitaire a juste vocation à être implanté et utilisé dans des lieux de forte population comme des festivals. Il ne peut s’imposer dans la miction féminine quotidienne car rien ne remplace le confort d’une position assise sur une cuvette de wc. D’autant plus que se pose aussi la question de l’hygiène féminine. C’est la que le wc japonais prend toute son importance avec ses nombreux avantages d’hygiène et de confort. Il faut dire en plus que la technologie est en train de révolutionner le passage aux toilettes apportant un bien-etre incroyable avec des abattants électroniques et des blocs toilettes sophistiqués.